PONCE    Nicolas
(1746-1831)

Artiste et écrivain, graveur de vignettes et d'estampes, tout ce que Ponce a touché porte la marque d'un talent personnel.
Né à Paris le 12 mars 1746, il appartenait à une famille aisée qui lui fit faire ses humanités. Puis, comme il avait du goût pour la peinture, il entra chez Pierre, en même temps qu'il demandait à N. de Launay et à Fessard quelques conseils en matière de gravure. Un changement dans la situation de fortune de son père l'ayant obligé à tirer parti de ce qu'il savait, Ponce se mit à graver la vignette et devint promptement un des meilleurs spécialistes de son époque ; sa pointe légère et fine a traduit un grand nombre des illustrateurs de livres, en particulier Marillier.
Sa femme, Marguerite Hémery, gravait également la vignette.
En même temps, il fut l'un des meilleurs et des plus habiles interprètes de Baudouin: la Toilette (1771), Annette et Lubin, les Cerises, Marion la Bouquetière, l'Enlèvement nocturne (1780), souvent regardé comme son chef d'oeuvre, en sont la preuve. Fragonard, Freudeberg, Bounieu, d'autres encore, lui ont aussi fourni des sujets pour ces estampes galantes qu'il réussissait à merveille.
Comme écrivain, outre des notices sur les artistes qu'il avait connus, Ponce a laissé plusieurs dissertations esthétiques (en particulier des Lettres sur la gravure adressées à Quatremère de Quincy) et des brochures politiques publiées pendant la Révolution.
Il mourut le 27 mars 1831.


La Toilette
Gravé par Nicolas Ponce
H. 0,385 x L. 0,273
E. Bocher, Baudoin, n° 48

Bons spécimens de ces « pendants » de Baudouin, offerts avec tant d'ingéniosité par les graveurs et les marchands d'estampes aux amateurs du XVIIIe siècle, comme on l'a dit dans l'introduction: La gouache originale du Lever avait été exposée au Salon de 1765.
La gravure ne parut que sept ans plus tard: elle est annoncée au Mercure de mai 1772, avec celle de la Toilette, qui lui .fait pendant, au prix de 4 livres chacune.
« Ces sujets, dit le Mercure, sont traités avec beaucoup d'élégance; la composition en est galante, pleine de grâce et du plus heureux choix. Dans l'un, c'est une jeune beauté représentée au sortir de son lit, jouant avec un chat, et servie par ses femmes ; dans l'autre, une Grâce d'une taille svelte, s'habille devant son miroir, tandis qu'un jeune homme la considère avec l'expression de l'amour et de l'admiration.
Les accessoires de ces deux sujets sont riches et de bon goût; la gravure est d'un fini très agréable. »
On notera ce dernier détail: le temps est venu où les amateurs s'attachent de plus en plus au « fini » des estampes.
A propos du Lever et de la Toilette, et bien qu'il ne soit pas ici question de la gravure d'ornement, on ne peut passer sous silence une particularité qui montre à quel point les graveurs du XVlIle siècle soignaient leurs ouvrages. Quand ils voulaient, et le cas se présentait fréquemment, donner un encadrement décoratif à leurs compositions, ils ne confiaient pas toujours ce travail à des praticiens quelconques. On sait des artistes de premier ordre, comme Cochin le fils, comme Choffard, comme Gravelot, qui ont été mis à contribution pour la composition des ornements de ce genre, et on a la preuve que l'auteur de l'encadrement du Lever et de la Toilette est précisément Cochin. Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale possède une épreuve de cet encadrement seul, et cette épreuve porte l'inscription gravée que voici: C.-N. Cochin del. Gravé par N. Ponce en 1771: Le nom du dessinateur du cadre, gravé à la pointe, disparaîtra, dans l'estampe terminée, pour faire place à celui de Baudouin. On trouvera un autre exemple de ce genre de collaboration dans le fleuron de dédicace gravé par Choffard pour les Hasards heureux de l’escarpolette de N. de Launay d'après Fragonard.


 L'Enlèvement nocturne.
Gravé par Nicolas Ponce.
H. 0,386 x L. 0,303.
E. Bouher, Baudouin, n° 20.

L'estampe est annoncée au Mercure du 18 novembre 1780 : mise en vente au prix de
6 livres, on la dit faire pendant au Couché-de la mariée, publié dix ans auparavant.
Le Journal de Paris l'annonce également à deux reprises, les 28 novembre et 30 décembre 1780. La deuxième annonce est analogue à celle du Mercure que l'on vient de citer; la première est ainsi conçue : « Cette estampe, dont la lumière est un clair de lune, nous a paru en bien rendre l’effet, et la partie du paysage y est bien traitée. Nous croyons qu'elle est en droit de plaire ».
On remarquera qu'il est question de la lumière et du paysage, mais que la notice ne touche pas un mot du sujet principal. Le même cas s'était présenté quelques années plus tôt, quand le Mercure d'octobre 1777 avait annoncé la mise en vente des deux pendants le Catéchisme et le Confessionnal, gravés par Moitte d'après Baudouin: Elles (ces gravures) représentent deux assemblées nombreuses dans l'église, l'une pour l'instruction ou le catéchisme, l'autre pour la pénitence ». Et c'est tout. Pour un peu, à lire cette annonce, on croirait qu'il s'agit de sujets édifiants, si l'on ne se souvenait que le Confessionnal, envoyé par Baudouin au Salon de 1765, avait été retiré de l'exposition sur la demande de l'archevêque de Paris.

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