Bons spécimens de ces « pendants » de Baudouin, offerts avec tant d'ingéniosité par les graveurs et les marchands d'estampes aux amateurs du XVIIIe siècle, comme on l'a dit dans l'introduction: La gouache originale du Lever avait été exposée au Salon de 1765.
La gravure ne parut que sept ans plus tard: elle est annoncée au Mercure de mai 1772, avec celle de la Toilette, qui lui .fait pendant, au prix de 4 livres chacune.
« Ces sujets, dit le Mercure, sont traités avec beaucoup d'élégance; la composition en est galante, pleine de grâce et du plus heureux choix. Dans l'un, c'est une jeune beauté représentée au sortir de son lit, jouant avec un chat, et servie par ses femmes ; dans l'autre, une Grâce d'une taille svelte, s'habille devant son miroir, tandis qu'un jeune homme la considère avec l'expression de l'amour et de l'admiration.
Les accessoires de ces deux sujets sont riches et de bon goût; la gravure est d'un fini très agréable. »
On notera ce dernier détail: le temps est venu où les amateurs s'attachent de plus en plus au « fini » des estampes.
A propos du Lever et de la Toilette, et bien qu'il ne soit pas ici question de la gravure d'ornement, on ne peut passer sous silence une particularité qui montre à quel point les graveurs du XVlIle siècle soignaient leurs ouvrages. Quand ils voulaient, et le cas se présentait fréquemment, donner un encadrement décoratif à leurs compositions, ils ne confiaient pas toujours ce travail à des praticiens quelconques. On sait des artistes de premier ordre, comme Cochin le fils, comme Choffard, comme Gravelot, qui ont été mis à contribution pour la composition des ornements de ce genre, et on a la preuve que l'auteur de l'encadrement du Lever et de la Toilette est précisément Cochin. Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale possède une épreuve de cet encadrement seul, et cette épreuve porte l'inscription gravée que voici: C.-N. Cochin del. Gravé par N. Ponce en 1771: Le nom du dessinateur du cadre, gravé à la pointe, disparaîtra, dans l'estampe terminée, pour faire place à celui de Baudouin. On trouvera un autre exemple de ce genre de collaboration dans le fleuron de dédicace gravé par Choffard pour les Hasards heureux de l’escarpolette de N. de Launay d'après Fragonard.