MASSARD  Jean
(1740-1822)

Né à Bellême en 1740, on raconte qu'ayant accompagné un parent à Paris, Massard se plaça chez un libraire où la vue des livres illustrés lui donna le goût de la gravure et le désir de devenir graveur. Élève de Martinet et de Wille, il trouva vite à s'employer en collaborant avec les dessinateurs de vignettes; à dater de la publication des Métamorphoses d'Ovide (1769-1771), il devint en ce genre un des spécialistes les plus brillants et les plus justement recherchés, un de ceux qui ont attaché leur nom à tous les beaux livres de l'époque.
Massard aborda l'estampe avec le Lever de Baudouin, pour servir de pendant à la Toilette, gravée par Ponce d'après le même artiste, et réussit particulièrement dans la traduction des estampes de Greuze, dont il devint un des interprètes attitrés, avec Gaillard, Flipart et Le Vasseur: la Cruche cassée inaugure en 1773 cette belle série, qui comprend aussi la Dame bienfaisante, la Mère bien aimée, le Tendre désir, entre autres pages traitées d'un burin souple et caressant. Auxquelles on ne peut reprocher qu'une recherche exagérée du fini, entraînant l'artiste à pousser son travail à l'excès. Les Lettres d'un voyageur a Paris a son ami Sir Charles Lowers (1779), attribuées au graveur Gaucher, contiennent un passage où les défauts de ces estampes sont l'objet de critiques fort vives; l'auteur reconnaît, du reste, que l'excès des travaux du graveur est imputable à Greuze lui-même, dont le défaut «est de vouloir que l'artiste qui réduit les figures de ses tableaux conserve dans les détails les mêmes degrés de teinte» et de n'envisager la gravure que «Comme une manière noire ou un camaïeu».
Le talent reconnu de Massard fut en outre bien souvent mis à contribution, soit pour la gravure des livres illustrés, soit pour celle des recueils de planches Comme la Galerie de Florence, le Cabinet de Choiseul. Le Musée français, etc. A l'âge de 80 ans, il gravait encore.
Massard avait été agréé à l'Académie le 30 août 1785, mais ne devint pas académicien.
Il mourut le 16 mars 1822, laissant deux fils, Jean Baptiste Félix, né en 1773 et filleul de Greuze, et Jean Baptiste Raphaël Urbain, né en 1775, qui furent tous les deux des graveurs estimés.


 La Cruche cassée.
Gravé par Jean MASSARD.
H. 0,487 x L. 0,354 (y compris l'encadrement).
J. Martin et Ch. Masson, n° 442.

L'estampe, mise en vente le 22 juillet 1773, est annoncée au Mercure de ce mois. Chose singulière c'est seulement douze ans plus tard, en 1785, qu'elle fut exposée au Salon.
Dédiée à Sophie Arnould, la cantatrice de l'Opéra, elle est l'œuvre de l'un des quatre graveurs attitrés de Greuze, Massard; il « a rendu avec beaucoup d'intelligence et de talent l'esprit et l'effet de ce tableau », dans lequel « une jeune fille très jolie est représentée tenant sous son bras une cruche cassée et semble rêver innocemment au malheur qui lui est arrivé ». C'était la première pièce d'une série, qui devait compter plusieurs autres œuvres importantes du même graveur, telles que la Dame bienfaisante la Mère bien aimée, le Tendre désir, etc., certainement remarquables, mais auxquelles on peut reprocher l'excès même de leurs qualités: l'artiste veut tout dire, exprimer les moindres nuances du modèle, il gâte ses planches à force de les surcharger de travaux.
La peinture est au musée du Louvre.


Le Lever.
Gravé par Jean Massard. (y compris l'encadrement). H. 0,380 x L. 0,269
E. Bocher, Baudouin, n° 29.

Bons spécimens de ces « pendants » de Baudouin, offerts avec tant d'ingéniosité par les graveurs et les marchands d'estampes aux amateurs du XVIIIe siècle, comme on l'a dit dans l'introduction: La gouache originale du Lever avait été exposée au Salon de 1765. La gravure ne parut que sept ans plus tard: elle est annoncée au Mercure de mai 1772, avec celle de la Toilette, qui lui .fait pendant, au prix de 4 livres chacune.
« Ces sujets, dit le Mercure, sont traités avec beaucoup d'élégance; la composition en est galante, pleine de grâce et du plus heureux choix. Dans l'un, c'est une jeune beauté représentée au sortir de son lit, jouant avec un chat, et servie par ses femmes ; dans l'autre, une Grâce d'une taille svelte, s'habille devant son miroir, tandis qu'un jeune homme la considère avec l'expression de l'amour et de l'admiration. Les accessoires de ces deux sujets sont riches et de bon goût; la gravure est d'un fini très agréable. »
On notera ce dernier détail: le temps est venu où les amateurs s'attachent de plus en plus au « fini » des estampes.
A propos du Lever et de la Toilette, et bien qu'il ne soit pas ici question de la gravure d'ornement, on ne peut passer sous silence une particularité qui montre à quel point les graveurs du XVlIle siècle soignaient leurs ouvrages. Quand ils voulaient, et le cas se présentait fréquemment, donner un encadrement décoratif à leurs compositions, ils ne confiaient pas toujours ce travail à des praticiens quelconques. On sait des artistes de premier ordre, comme Cochin le fils, comme Choffard, comme Gravelot, qui ont été mis à contribution pour la composition des ornements de ce genre, et on a la preuve que l'auteur de l'encadrement du Lever et de la Toilette est précisément Cochin. Le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale possède une épreuve de cet encadrement seul, et cette épreuve porte l'inscription gravée que voici: C.-N. Cochin del. Gravé par N. Ponce en 1771: Le nom du dessinateur du cadre, gravé à la pointe, disparaîtra, dans l'estampe terminée, pour faire place à celui de Baudouin. On trouvera un autre exemple de ce genre de collaboration dans le fleuron de dédicace gravé par Choffard pour les Hasards heureux de l’escarpolette de N. de Launay d'après Fragonard.

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