Liotard Jean michel

LIOTARD Jean-Michel (1702-?)
Frère jumeau de Jean Étienne Liotard, qui devait être célèbre sous le nom de «peintre turc» Jean Michel Liotard naquit à Genève le 22 décembre 1702 et sans doute vint-il à Paris avec son frère vers 1725. Il passe pour avoir été élève de Benoît II Audran, tandis que son frère travaillait chez Massé: rien d'extraordinaire, en ce cas, qu'on le voie gravant plusieurs Watteau et même possédant une peinture de ce maître que Benoît Audran a si souvent reproduit ; il a d'ailleurs remarquablement interprété ces diverses compositions: la Conversation, Entretiens amoureux, le Sommeil dangereux, Comédiens français, «La plus belle des fleurs...». Il a aussi gravé Boucher et travaillé aux estampes de la Grande Galerie de Versailles, le vaste recueil entrepris par Massé. Ce dernier détail, joint à ce fait que le tableau de Watteau, Entretiens amoureux, appartenait à Massé quand J. M. Liotard le grava, donne à penser que l'artiste genevois a dû, tout comme son frère, recevoir les leçons de ce maître. Pendant que Jean Étienne (auteur, lui aussi, d'une eau-forte bien connue d'après Watteau, le Chat malade) abandonnait la pointe pour le crayon et le pastel, et commençait une existence aventureuse qui devait le conduire jusqu'à Constantinople, Jean- Michel se rendait à Venise, appelé par le consul anglais Smith, pour lequel il travaillait encore en 1743. Ensuite, on le perd de vue, et le reste de sa vie est si mal connu que les historiens de la gravure le font mourir les uns en 1760 et les autres en 1788 !

LIOTARD Jean-Michel
(1702-?)

Frère jumeau de Jean Étienne Liotard, qui devait être célèbre sous le nom de «peintre turc» Jean Michel Liotard naquit à Genève le 22 décembre 1702 et sans doute vint-il à Paris avec son frère vers 1725. Il passe pour avoir été élève de Benoît II Audran, tandis que son frère travaillait chez Massé: rien d'extraordinaire, en ce cas, qu'on le voie gravant plusieurs Watteau et même possédant une peinture de ce maître que Benoît Audran a si souvent reproduit ; il a d'ailleurs remarquablement interprété ces diverses compositions: la Conversation, Entretiens amoureux, le Sommeil dangereux, Comédiens français, «La plus belle des fleurs...». Il a aussi gravé Boucher et travaillé aux estampes de la Grande Galerie de Versailles, le vaste recueil entrepris par Massé. Ce dernier détail, joint à ce fait que le tableau de Watteau, Entretiens amoureux, appartenait à Massé quand J. M. Liotard le grava, donne à penser que l'artiste genevois a dû, tout comme son frère, recevoir les leçons de ce maître.
Pendant que Jean Étienne (auteur, lui aussi, d'une eau-forte bien connue d'après Watteau, le Chat malade) abandonnait la pointe pour le crayon et le pastel, et commençait une existence aventureuse qui devait le conduire jusqu'à Constantinople, Jean- Michel se rendait à Venise, appelé par le consul anglais Smith, pour lequel il travaillait encore en 1743. Ensuite, on le perd de vue, et le reste de sa vie est si mal connu que les historiens de la gravure le font mourir les uns en 1760 et les autres en 1788 !

	La Conversation. Gravé par Jean-Michel Liotard. H.. 0,319 x L. 0,416. E. Dacier et A. Vuaflart, n° 151.
La gravure fut mise en vente au mois d'octobre 1733 (Mercure). Elle reproduisait une peinture appartenant alors à Jullienne et conservée aujourd'hui dans la collection de Mme Henri Heugel. Goncourt a remarqué que cette composition « avec son absence de convention poétique, ses costumes du temps, son accent de réalité contemporaine », pour- rait bien être une représentation de la société de Jean de Jullienne ; celui-ci serait le causeur en grande perruque, assis à droite, et il faudrait reconnaître Watteau lui-même dans le personnage debout au milieu du tableau. Cette dernière identification peut s'admettre. Il est également permis de reconnaître Antoine de La Roque, assis au deuxième plan, à droite, et appuyé sur sa béquille. Par contre, aucun des portraits authentiques de Jullienne ne rappelle les traits de l'homme à la grande perruque, en qui Edmond de Goncourt voudrait voir l'ami de Watteau. D'autre part, ce que l'on sait des circonstances de la vie de Jullienne n'autorise guère à croire que tels purent être son aspect et celui de son entourage au temps ou fut peinte la Conversation (vers I712). La remarque de Goncourt touchant le réalisme de ce tableau de mœurs n'en subsiste pas moins, et s'il fallait proposer une hypothèse plus acceptable, c'est, comme l'a fait M. Louis Gillet, à l'entourage du financier et collectionneur Pierre Crozat que l'on penserait, de préférence à celui de Jullienne.

La Conversation.
Gravé par Jean-Michel Liotard.
H.. 0,319 x L. 0,416.
E. Dacier et A. Vuaflart, n° 151.

La gravure fut mise en vente au mois d'octobre 1733 (Mercure).
Elle reproduisait une peinture appartenant alors à Jullienne et conservée aujourd'hui dans la collection de Mme Henri Heugel.
Goncourt a remarqué que cette composition « avec son absence de convention poétique, ses costumes du temps, son accent de réalité contemporaine », pour- rait bien être une représentation de la société de Jean de Jullienne ; celui-ci serait le causeur en grande perruque, assis à droite, et il faudrait reconnaître Watteau lui-même dans le personnage debout au milieu du tableau.
Cette dernière identification peut s'admettre. Il est également permis de reconnaître Antoine de La Roque, assis au deuxième plan, à droite, et appuyé sur sa béquille. Par contre, aucun des portraits authentiques de Jullienne ne rappelle les traits de l'homme à la grande perruque, en qui Edmond de Goncourt voudrait voir l'ami de Watteau.
D'autre part, ce que l'on sait des circonstances de la vie de Jullienne n'autorise guère à croire que tels purent être son aspect et celui de son entourage au temps ou fut peinte la Conversation (vers I712). La remarque de Goncourt touchant le réalisme de ce tableau de mœurs n'en subsiste pas moins, et s'il fallait proposer une hypothèse plus acceptable, c'est, comme l'a fait M. Louis Gillet, à l'entourage du financier et collectionneur Pierre Crozat que l'on penserait, de préférence à celui de Jullienne.