LE PRINCE   Jean Batiste
(1734-1781)

Encore un peintre graveur qu'il faut bien représenter ici,  ne serait-ce que pour la place qu'il tient dans l'histoire des procédés nouveaux ou renouvelés, en si grande faveur à la fin du XVIIe siècle.
Né à Metz en l 734, Le Prince vint de bonne heure à Paris, après avoir appris les rudiments de son art dans sa ville natale. Il s'y maria, âgé de dix-huit ans, avec une femme de quarante, qu'il abandonna peu de temps après pour s'en aller voyager en Italie, puis en Russie, où il resta jusqu'à la fin de 1763. De ses cinq ans de séjour en ce pays, il rapportait un bagage de croquis et de notes qui devaient lui servir pendant tout le reste de sa vie.
Encore une fois, nous n'avons pas à parler du peintre qu'il a été, peintre souvent reproduit par les meilleurs graveurs de son temps,
N. de Launay, Gaillard, Le Mire, de Longueil entre autres. Mais il a été aussi graveur, et à ce titre il est doublement intéressant, d'abord à cause des sujets qu'il traite, des scènes et types «russiens», d'un exotisme bien original, et ensuite à cause du procédé qu'il emploie à partir de 1768 et qui lui est tout aussi personnel: la gravure au lavis. Ayant trouvé lui-même un moyen d'atteindre le résultat qu'il cherchait, moyen différent de celui de François et de Charpentier, ses prédécesseurs en ce domaine, il a donné de nombreuses et charmantes pages (la Danse russe, la Récréation champêtre), supérieures aux eaux-fortes, d'un trait un peu mince, qu'il avait gravées auparavant. Après sa mort
(30 septembre 1781), l'Académie acquit son «secret», pour venir en aide à sa nièce qu'il avait laissée sans ressources.
Il avait été agréé comme peintre le 24 février 1764 et reçu académicien le 23 août 1765.


La Récréation champêtre.   La Danse russe.
Gravé en manière de lavis par lui-même.
Dimensions respectives: H. 0,297 x L. 0,241 H. 0,300 x L. 0,240.
J. Hédou, nos 169 et 137

Les deux pièces sont datées de 1769. D'abord à propos de J.-C. François, puis à propos de Charpentier, on a déjà parle à plusieurs reprises de l'invention de la gravure en manière de lavis. Il semble Que les recherches de Le Prince aboutirent certainement, mais par des voies différentes, après celles des deux initiateurs que l'on vient de citer; le premier était son aîné de dix-sept ans et le deuxième exactement de son âge. Par contre, Le Prince fut le plus habile à manier le procédé et celui des trois qui a laissé l'œuvre le plus abondant et le plus achevé en ce genre. Somme toute, il se trouve assez bien, en matière de gravure au lavis, dans la situation que Gilles Demarteau occupe en regard de J.-C. François pour ce qui est de la gravure en manière de crayon.
Le Prince a été souvent gravé, et bien gravé, et par les artistes les plus divers, de Gaillard à Bonnet, de N. de Launay à Demarteau ; mais on peut dire qu'il ne l'a jamais été aussi bien que quand il s'est gravé lui-même en usant de son procédé favori. Aussi a-t-il paru préférable de le représenter par deux de ses pièces en manière de lavis, plutôt que par quelqu'une des compositions dans lesquelles il a brodé des variations plus ou moins originales sur les thèmes galants à la mode de son temps. Ces pièces lui sont, en effet, doublement personnelles.
Le Prince séjourna en Russie pendant plusieurs années(1758-1763) et, de retour en France, il tira un très habile parti des notes qu'il avait prises pendant ce voyage, multipliant les scènes et les figures « russiennes » peintes, dessinées ou gravées, qui lui fournirent même les compositions de cartons de tapisseries pour la manufacture de Beauvais, ces dernières appréciées sévèrement par Diderot lors du Salon de 1767: « Quelque bien ajustées que soient vos figures, disait le critique à l'auteur, si elles l'étaient à la française, on les passerait avec
dédain ».
Cette veine d'exotisme méritait d'autant mieux de trouver place ici, qu'elle joint l'exactitude et le pittoresque des choses vues et saisies sur le vif à la qua- lité de la gravure et à la perfection d'un procédé. Ni les Chinois de Watteau et de Boucher, ni les Italiennes de Greuze, ni les Espagnols de C. Vanloo, compositions, les unes d'après nature, les autres lie pure fantaisie, et les premières ne sont pas toujours les mieux traduites, n'ont, à cet égard, autant de titres réunis à l'attention des amateurs..


 

 

 

 Le cabaret de Moscou.

Le Cabaret de Moskou.
 
Le Prince 1773. 
H. 0,196 x L. 0,244.   
Manière de lavis.  J.  Hédou, n° 176

 

 

 


Environs de Nerva.
Vue des environs de Nerva.
Le Prince 1773. 
H. 0,197 x L. 0,244.  
Manière de lavis   J.Hédou, n° 176.

Au cours de son séjour en Russie (1753-1763), Le Prince prit une grande quantité de croquis divers (paysages, costumes, etc.). Il les grava à son retour à Paris et mit ainsi l'orientalisme moscovite à la mode.
Ces petites estampes furent exécutées, les unes à l'eau-forte, les autres en manière de lavis selon le procédé que Le Prince inventa en 1768. Ce nouveau genre de gravure obtint le plus grand succès aux Salons de 1769-1771. Diderot en fut particulièrement enthousiaste et a témoigné, dans ses écrits, de l'admiration que lui inspirèrent les «fac-simile» exposés.
Les originaux des deux scènes que nous reproduisons ici, dessins ou peintures, ont probablement figuré au Salon de 1769.

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