JANINET   Jean François
(1752-1814)

Il est arrivé à Janinet pour la gravure en couleurs la même heureuse fortune qu'à Demarteau pour la gravure en manière de crayon: il a mis au point les découvertes faites par ses devanciers, Le Blond et Dagoty, et atteint la perfection d'une technique jusqu'à lui réalisée incomplètement.
Né en 1752, il commença par reproduire de petits sujets d'après Ph. Caresme, Freudeberg, Eisen, Charlier, Gravelot, et il était déjà tout à fait maître de son procédé quand il donna, en 1774, son portrait de Marie-Antoinette, qui devait être suivi de celui de Mlle Du T... (Duthé) et de celui de Mlle Bertin. Deux pièces d'après Watteau sont aussi de la même date ;  puis viennent l’Amour et la Folie d'après Fragonard (1777), que l'on compte au nombre de ses chefs d'oeuvre. Après avoir gravé les aquarelles de A. Van Ostade du Cabinet Basan, dont il rend exactement l'effet en ajoutant des couleurs en teintes plates à un dessin au trait d'eau-forte, il aborde cette suite de grandes planches d'après F. Boucher (la Toilette de Vénus), d'après Baudouin, et surtout d'après Lavreince, qui constituent le meilleur de sa production: citons entre autres la Comparaison, l'Aveu difficile, l'Indiscrétion, Laisse-moi donc voir, .le Petit conseil, Ha ! Le joli petit chien, dont on a pu dire qu'elles donnent l'illusion de la gouache elle-même. Graveur de paysages, Janinet a reproduit à merveille Hubert Robert et de Machy; il a illustré de délicieuses petites vues le recueil des Monuments de Paris. Portraitiste, on lui doit la traduction d'une célèbre page de Hoin, Mlle Dugazon dans «Nina ou la Folle par amour», et une nombreuse et charmante suite de portraits d'acteurs et d'actrices pour les Costumes et annales des grands théâtres de Paris, de Levacher de Chamois (I786-1789). Pendant la Révolution, Janinet, qui avait gravé en 1781 une estampe allégorique de J.-B. Huet en l'honneur de la naissance du Dauphin (les Sentiments de la nation), donna dans les idées nouvelles et entreprit la publication d'un recueil de Gravures historiques des principaux événements depuis l'ouverture des États Généraux, d'après des dessins de Moitte, solennels et glacés.
Enfin, si brève soit-elle, une notice sur Janinet ne serait pas complète si l'on n'y faisait allusion aux goûts du graveur pour l'aéronautique et à l'expérience malchanceuse qu'il fit, le II juillet 1784, avec l'abbé Miollan, et qui lui valut d'être chansonné et caricaturé copieusement.
Il mourut à Paris, le 1er novembre 1814.


Marie-Antoinette

« Reine de France ».  Gravure légèrement teintée.
H. 0,040 x L. 0,040.
Épreuve de la collection Henri Beraldi.

Ce portrait de Marie-Antoinette fait pendant à un portrait de Louis XVI de mêmes dimensions et également anonyme. Certains connaisseurs attribuent le dessin de ce profil de la reine à Augustin de Saint-Aubin et la gravure à Janinet.

 


La Fayette.
M. Le Mis de La Fayette, commandant général de la Garde Nationale...
Peint et gravé par P. L. de Bucourt... 1790.
H. 0,537 x L. 0,405.  
Gravure en manière noire.   Épreuve avant la lettre.  
M. Fenaille, n° 23.

Cette estampe était dédiée Aux Soldats citoyens.
La Gazette nationale du 25 mars 1790 l'annonce, et le numéro du 9 avril ajoute: « L'auteur est le premier qui ait exécuté en France une gravure en manière noire connue sous le nom de manière anglaise, il a parfaitement réussi dans la ressemblance...»
Debucourt était seulement le premier qui de son temps fût revenu à un procédé pratiqué en France au début du XVIIIe siècle, puis à peu près abandonné. Le portrait de La Fayette est le premier qu'il exécuta dans cette manière. La planche pouvait également donner des épreuves en couleurs par l'encrage à la poupée.
Si, comme l'assure la Gazette nationale, l'artiste a parfaitement saisi la « ressemblance » avec le modèle, c'est une nouvelle preuve après bien d'autres, que, chez le héros de la guerre d'Amérique, c'était l'âme surtout qui était belle.


Jardins Médicis.
Colonnade et jardins du Palais Médicis...
H. Robert pinx.   
F. Janinet sculp. (1775).
H. 0,292 x L. 0,243.
Manière d'aquarelle.  Beraldi, n° 83.

A l'époque où Robert séjourna en Italie comme au temps où ce tableau fut gravé, le Palais Médicis n'était pas encore devenu la « Villa Médicis » c'est-à-dire le palais de l'Académie de France à Rome. Celle-ci logeait encore au Palais Mancini. Ce détail doit d'autant plus être précisé que la présence de deux jeunes dessinateurs, au premier plan de la gravure, pourrait induire en erreur.
Cette aquatinte en couleurs faisait pendant à une autre pièce du même graveur qui portait cette légende : Restes d'un temple aux environs de Pouzzoles d'après Clérisseau, 1776.
Quand il a été gravé, le tableau d'Hubert Robert appartenait au comte de Baudoüin, à qui la planche est dédiée. Il y a aujourd'hui, dans les collections de la princesse de Croy, une peinture qui n'est pas très différente de l'estampe de Janinet.
Le Mercure de 1776 parle d'une vue d'Italie, gravée par Janinet d'après Hubert Robert, qui est très probablement la planche du Palais Médicis. A cette occasion, le rédacteur rappelle que le procédé consiste dans la superposition de plusieurs planches et conclut :
« La nouvelle estampe... peut faire illusion et annonce les nouveaux progrès que
M. Janinet a faits. » Janinet était l'inventeur du procédé et sa découverte datait de 1772.


Côtes de l'île de Wight.
A View... of the Isle of Wight.
Atkinsdel.   Janinetsc.
(Vers 1789).
H. o, 231 x L. 0,333.
Manière d'aquarelle.   
Beraldi, n° 94.

Cette estampe, gravée et éditée à Paris, ne porte qu'une légende anglaise. Le fait semblerait indiquer qu'elle ne fut pas mise en vente à Paris. Elle est du reste assez rare et peu connue.
Atkins, le dessinateur, doit être Samuel Atkins, peintre de marines qui exposa à la Royal Academy de 1787 à 1808.
L'adresse du graveur «rue Hautefeuille » date la planche de 1789 environ. 


La Comparaison.    L'Aveu difficile.
Gravé en couleurs par François Janinet.
 Chaque pièce: H. 0,358 x L. 0,282 (sans le trait d'encadrement).
E. Bocher, Lavreince, n° 12 et 8.

Ces planches gravées en couleurs appartiennent à l'époque où Janinet, maître de ce procédé dans lequel il avait fait ses premiers essais vers 1774, atteint la perfection, perfection d'autant plus remarquable que l'artiste employait le tirage dit « par planches repérées », chaque planche ne donnant qu'une des couleurs choisies, et chaque couleur s'ajoutant aux précédentes et se fondant avec elles par une suite de tirages superposés qu'un « repère » faisait rigoureusement exacts. Une technique différente, plus expéditive, moins difficultueuse, mais aussi moins parfaite dans ses résultats, consiste à encrer une seule planche de toutes les couleurs à la fois à l'aide de petits tampons appelés « poupées » ; d'où le nom de ce procédé.
La Comparaison est datée de 1786. L'Aveu difficile de 1787.
Quand cette dernière pièce parut, elle fut annoncée au Mercure (18 août 1787) et au Journal de Paris (16 juillet), comme pouvant servir de pendant à la précédente et mise en vente comme elle au prix de 9 livres.
L'année suivante, quand paraîtra l'indiscrétion, le Journal de Paris (13 juillet 1788) et le Mercure (16 août) l'annonceront au même prix et la donneront comme pouvant servir de pendant à l'une ou à l'autre d'es deux précédentes.
Rien de plus « interchangeable » en effet, que ces pendants: créations légères et charmantes, dont on pourrait dire qu'elles ont vu le jour au moment même où la gravure qui leur convenait le mieux était en état de les reproduire, et auxquelles la délicatesse et la transparence des couleurs, la perfection d'une technique difficile, obtenue sans effort apparent, donnent un caractère unique dans l'histoire de l'estampe, celui de bibelots exquis et parachevés.

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