HELMAN  Isidore Stanislas
(1743-1806)

Né à Lille en 1743 et mort à Paris en 1806, Helman reçut les premières leçons d'un graveur de sa ville natale et vint achever de se faire la main dans l'atelier de Le Bas.
Quelques vignettes habilement traitées le mirent bientôt en valeur. Moreau le jeune, qu'il avait connu chez Le Bas, lui confia la traduction de plusieurs planches du Monument du costume, ce dont il se tira tout à son honneur, comme le prouvent les char- mantes pièces intitulées: «N'ayez pas peur, ma bonne amie», les Délices de la maternité, l'Accord parfait, le Souper fin. Il fut aussi un interprète exquis pour Lavreince (le Roman dangereux), pour Baudouin (le Jardinier galant, pour Duplessi-Bertaux (le Charlatan français et le Charlatan allemand), pour Le Prince, Lagrenée, Hubert Robert, L. Watteau de Lille, etc. On citera encore ses réductions des Batailles de la Chine et les quinze planches des Principales journées de la Révolution d'après Monnet, dont les eaux-fortes avaient été préparées par Duclos et Duplessi-Bertaux, et qu'il termina au burin.


Le Jardinier galant.
Gravé par Isidore-Stanislas Helman.
H. 0,385 x L. 0,278 (y compris l'encadrement).
E. Bouher, Baudouin, n° 25.

L'inscription de l'estampe la dit gravée d'après une gouache peinte en 1768. Cette gouache fut exposée au Salon de 1769.
L'estampe est de dix ans postérieurs à l'original peint: elle est annoncée au Journal de Paris du 28 avril 1778 et au Mercure de mai 1778.
Le 19 novembre 1782, en faisant part au public de la mise en vente de « Marchez tout doux, parlez tout bas ! », gravé par Choffard, d'après Baudouin, le Journal de Paris donnera cette dernière pièce comme appartenant à une suite de quatre pendants, dont le Jardinier galant. D'autre part, le Roman dangereux, gravé par Helman d'après Lavreince et annoncé le 24 avril 1781 dans le Journal de Paris, sera présenté aussi comme faisant pendant au Jardinier galant. Toutes les compositions de ce genre se voyaient ainsi associées sans façon par les éditeurs, qui étaient souvent les graveurs eux-mêmes, dans un but commercial facile à deviner: il suffisait que le rapprochement fût justifié par la similitude du format, et, le cas échéant, par celle des encadrements, cartouches er inscriptions dont on les agrémentait. Pour le reste, on n'y regardait pas de très près et l'on ne faisait point de difficulté pour mettre « en pendants » tantôt des peintres, tantôt des graveurs différents, dès l'instant que le sujet pouvait se ranger sous la facile rubrique des compositions galantes. Aussi bien, la manière même des traducteurs se prêtait à merveille à de tels arrangements, comme on peut s'en rendre compte par les exemples.


Les délices de la Matrenité.

Monument du costume: « C'est un fils, Monsieur! » ; les Petits parrains; les Délices de la maternité; la Dame du Palais de la reine; la Grande toilette; la Petite loge.
Gravé d'après J.-M. Moreau Le Jeune, par J.-C. Baquoy, J.-C. Baquoy et J.-B. Patas, I.-S. Helman, P.-A Martini, A.-L. Romanet et J.-B. Patas. I.-S ; Helman, P.-A. Martini, A.-L ; Romanet, et J.-S. Patas.
Toutes ces pièces ont de 0,265 à 0,271 de H., sur 0,215 à 0,219 de L. (sans le trait d'encadrement).
Pour les deux dernières, la reproduction de l'état terminé avant toute lettre.
E. Bocher, Moreau le Jeune, nos 1352, 1353, 1354, 1359, 1362 et 1368.

Le recueil dont voici quelques morceaux choisis est, tout au moins pour deux des trois parties qui le composent, l'une des plus belles et des plus importantes productions de la gravure de mœurs au XVlIIe siècle, l'une de celles qui non seulement représentent le mieux les mœurs, les costumes et le décor de la vie à la fin du troisième quart du siècle, mais encore résument le plus exactement l'état de l’estampe à cette époque.
Il se compose de trois suites.
La première à pour titre: Suite d'estampes pour servir à l'histoire des meurs et du costume des Français dans le dix-huitième siècle. Année 1775 (Paris, impr. de Prault, 1775). Un discours préliminaire, paraphrasé dans une assez longue notice du Mercure de janvier 1775, précise l'objet et les conditions de la publication. Les sujets « sont pris dans la société de ceux
Qu'on appelle à Paris gens du bon ton, et représentent les modes de 1773-1774; chaque pièce a, au-dessous du titre gravé, des vers caractérisant le sujet. Ces pièces sont: le Lever, le Bain, la Toilette, la Visite inattendue, l'Occupation, la Promenade du matin, le Boudoir, les Confidences, la Promenade du soir, la Soirée d'hiver, le Bal et le Coucher. Les originaux sont des dessins lavés de bistre par freudeberg, gravés par Ingouf le jeune, Voyez l'aîné, Bosse, Lingée, Romanet et Maleuvre. Le prix est de 2 livres 8 sols pour chaque estampe, en vente chez Buldet, rue de Gesvres. L'amateur qui a présidé au choix et à la composition des sujets a l'intention de continuer ce recueil, si la première partie reçoit un accueil favorable; la souscription au deuxième cahier de 12 planches, à paraître en 1776, est ouverte chez M. Eberts, banquier, place des Victoires. Au bas de chaque planche de cette première suite, on peut lire, près du nom du dessinateur, l'inscription : I. H. E. invenit; ces initiales désignent Jean- Henri Eberts, qui est précisément « l'amateur » indiqué plus haut. Le nom de ce banquier suisse, établi pour un temps à Paris, figure également au privilège qui accompagne la deuxième suite. Cette Seconde suite d'estampes pour servir à l'histoire des modes etc. Année 1776, parut en 1777 (Paris, impr. de Prault). Elle est consacrée aux modes de 1775-1776 et mise en vente au prix de 48 livres. pour ceux qui n'ont pas souscrit. Le discours préliminaire rappelle que la première partie « a offert la vie d'une jeune femme livrée aux amusements de la société jusqu’à l'époque de la maternité », et que la deuxième « présente une femme du bon ton, depuis ce moment jusqu'à sa première sortie, et les occupations comme les dissipations à la mode qui accompagnent et suivent ces circonstances ». Elle comprend encore douze pièces, numérotées de 13 à 24, accompagnées chacune d'une page de notice descriptive due vraisemblablement à Eberts lui-même, et qui sont : Déclaration de la grossesse, les Précautions,  J'en accepte l' heureux présage » , « N'ayez pas peur, ma bonne amie », « C'est un fils, Monsieur! », les Petits Parrains, les Délices de la maternité, l'Accord parfait, le Rendez-vous pour Marly, les Adieux, la Rencontre au bois de Boulogne, la Dame du palais de la reine. Les graveurs sont respectivement P.-A. Martini, Ph. Trière, Helman, C. Baquoy, et Patas, H. Guttemberg, R. de Launay, H. Guttemberg, P.-A. Martini. Mais une innovation capitale a changé complètement la physionomie du recueil: alors que la première partie ne comprenait que des pièces gravées d'après Freudeberg, la deuxième ne se compose que de pièces reproduisant des dessins de Moreau le jeune. Freudeberg était reparti pour la Suisse en 1773 et l'éditeur de la publication l'avait remplacé par l'artiste le mieux fait pour porter l'ouvrage à son point de perfection.
La troisième suite avait été annoncée dans le discours préliminaire de la deuxième: « Le plan de la troisième suite est conçu et son exécution commencée. On y traitera la vie du cavalier à la mode, autrement dit du petit maître ». Cette dernière partie fut longue à voir le jour; elle ne parut qu'en 1783 (le Souper fin porte la date de 1781). Les estampes, cette fois encore d'après des dessins de Moreau le jeune, sont intitulées: le Lever, la Petite toilette, la Grande toilette, la Course de chevaux, le Pari gagné, la Partie de whisch, Oui ou non, le Seigneur chez son fermier, la Petite loge, la Sortie de l'Opéra, le Souper fin, le Vrai bonheur. Elles sont dues à Halbou, P.-A. Martini, A.-L. Romanet, H. Guttemberg, Camligue, Dambrun, Thomas, Delignon, B. Patas, Malbeste, Helman, B. Simonet. Les planches de cette troisième suite n'ont pas de notices explicatives.
Retourné dans son pays natal, en emportant ses planches, Eberts donna une réédition des trois suites réunies qui parut en 1789, avec l'adresse: A Neuwied-sur-le-Rhin, à la Société typographique, et le titre suivant: Monument du costume physique et moral de la fin du
dix-huitième siècle, ou Tableaux de la vie ornés de figures dessinées et gravées par M. Moreau le jeune, dessinateur de S.
M. T. C., et par d'autres célèbres artistes. C'est par le titre abrégé de cette édition, Monul1tent du costume, qu'on a pris l'habitude de désigner l'ouvrage. Dans l'édition de 1789, les trois cahiers n'ont plus, comme à l'origine, cette unité de sujet qui faisait de chacun d'eux un petit ensemble ; les notices accompagnant les planches, au lieu d'être des descriptions explicatives, sont des textes « romancés » dans lesquels Restif de La Bretonne, qui en est l'auteur, a considéré chaque sujet isolément et en a fait le thème d'une petite histoire.
On ne peut entrer dans le détail des « réductions » de ces gravures, publiées d'abord à. Paris en 1787 et ensuite à. Neuwied, avec un texte de Restif de La Bretonne, lequel texte, raccourci, devint celui de la grande édition de 1789, décrite plus haut. On ne peut pas davantage étudier les nombreuses contre- façons, témoignages évidents du succès de ces estampes.
Ce qu'il faut dire et répéter, c'est que, sur la donnée ingénieuse, proposée par Eberts, les deux auteurs des dessins originaux ont montré les qualités les plus parfaitement adéquates au sujet: Freudeberg, toujours un peu gauche, un peu étriqué, aussi bien dans sa façon de suivre le plan choisi que dans celle de composer (il n'est pas jusqu'au cadre trop lourd, aux inscriptions trop larges qui ne diminuent encore l'espace disponible et resserrent à. l'excès les scènes représentées) ; Moreau le jeune, au contraire, avec une liberté d'invention, une hardiesse et une élégance d'arrangement qui sont d'un maître. Dans toutes ses pages aérées et lumineuses, les personnages se meuvent à. l'aise comme dans la vie. Enfin, il a vraisemblablement choisi ses graveurs (à. une exception près, ils sont tous différents de ceux qui avaient reproduit les dessins de Freudeberg) ; en tout cas, il a certainement dû les surveiller et peut-être même les diriger: on s'en aperçoit à. l'impeccable façon dont il a été traduit.

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