CHOFFARD    Pierre  Philippe
(1730-1809)

C’est le maître ornemaniste du livre au XVlIIe siècle, le décorateur au goût toujours sûr, le dessinateur amusant et varié à l’infini dans l’invention, le graveur plein de verve et de légèreté dans l’exécution, qui a enrichi de ses fleurons et de ses culs-de-lampe, la plupart gravés d’après ses propres dessins, quantité d’ouvrages chers aux bibliophiles.
Né à Paris le 19 mars 1730 et de bonne heure apprenti chez un graveur de cartes et de plans, Dheulland, où il était chargé de la reproduction des cartouches, il se fit un nom pour ses billets d’invitation, ses ex-libris, ses cartes d’adresses. La célébrité lui vint avec les ornements des Contes de La Fontaine des Fermiers généraux (1761-1762), une de ses œuvres les plus Connues. Ensuite, il se multiplia, gravant non seulement d’innombrables vignettes d’après Monnet, Cochin, Gravelot, Marillier, Moreau le jeune, Hilair, Monsiau, etc. , qui vont des Métamorphoses d’Ovide (1767) à René et Atala en passant par les Confessions, mais aussi des portraits et, seule chose qui nous intéresse ici, des estampes de genre, en très petit nombre du reste : les Amours champêtres, les Amants surpris, «Marchez tout doux, parlez tout bas», d’après Baudouin. Portalis et Beraldi ont catalogué 855 pièces sous son nom.
Cet excellent artiste, qui a laisse aussi la réputation d’un homme excellent, a écrit une Notice historique sur l’art de la gravure (1804), et, sans cesser de graver, il se proposait de reprendre cet ouvrage sur un plan plus étendu, quand il mourut le 7 mars 1809.


La Condamine.

C. M. de La Condamine.
C. N. Cochin del. 1759.  
 P. P. Choffard sculp. 1768.
 H. 0,174 x L. 0,124.
5e état.   Jombert, n° 320 (107).

Choffard n'a gravé qu'une vingtaine de portraits, mais, à en juger par celui de La Condamine, il eût autant réussi dans ce genre que dans l'ornement. Les nombreux états de cette planche témoignent du soin apporté à son exécution. Le Mercure d'avril 1774 dit ce « portrait très réussi et parfaitement gravé ».
Au moment où Cochin dessina ce profil, La Condamine (1701-1774) venait de publier les observations faites, dans sa mission à l'Équateur, pour mesurer la grandeur de la Terre. Ce savant devait entrer l'année suivante à l'Académie Française.


 Orléans
Vue de la Ville d'Orléans.
Dédiée a S. A. S. Monseigneur le Duc d'Orléan Premier Prince du Sang.   

Dessinée par A. Desfriches... 1761.   Gravée par P. P. Choffard en 1766.
H. 0,499 x L. 0,729.   
Jombert 295.

Cochin le jeune passe pour avoir dessiné les personnages de ce beau paysage et en a fait l'eau-forte dont le Cabinet des Estampes possède une épreuve. C'est d'ailleurs chez lui « Aux Galeries du Louvre » que sa parente, Mlle Cellier, vendait la Vue d'Orléans. Dans une lettre adressée en 1767 à l'auteur du dessin et publiée par M. P. Ratouis de Limay dans son livre sur le Mécène orléanais, Cochin annonce qu'il lui expédie, par carrosse, 250 exemplaires de cette estampe.
Aignan Thomas Des friches (1715-1800) avait plus qu'un talent d'amateur. Il a laissé toute une suite de paysages finement dessinés au crayon noir ou à l'encre de Chine qui sont datés de 1760 à 1787 environ. La Vue d'Orléans, sa ville natale, est peut-être sa plus belle pièce. Il y figure lui-même, assis sur un talus gazonné, penché sur un carton à dessin, et entouré de ses amis et familiers y compris son nègre Paul.
Le dessin original est au Musée d'Orléans.


« Marchez tout doux, parlez tout bas! ».
A Son Altesse Mgr. Le Price De Ligne et du St. Empire.
Gravé par Pierre-Philippe Choffard.
H. 0,380 x L. 0,275 (y compris l'encadrement).
E. Bocher, Baudouin, n° 30.
La gouache originale figura au Salon de 1767.
L'estampe est de quinze ans postérieurs.

En l'annonçant dans Son numéro du 19 novembre 1782, le Journal de Paris fait remarquer que cette estampe « ne porte pas de titre, Comme c'est l'usage ordinaire », et qu'elle représente un sujet qui rappelle la strophe de la Chal1S0n du Chef-d’œuvre d'un inconnu : « Marchez tout doux, parlez tout bas! » « Il semble, ajoute le journal, qu'on pouvait lui donner celui de l'Éveillée du matin. » La même annonce nous apprend aussi que cette pièce complète une suite de quatre, exposées aux Salons de 1765 et de 1767 : « celle-ci est marquée du n° 3, et les autres sont exécutées. Les nos I et 4 ont été annoncées dans le Mercure d'avril 1768, il s'agit de les Amants surpris et les Amours champt'tres, gravés par Choffard ; le n° 2 a été gravé par le sieur Helman, sous le titre du Jardinier galant ». Enfin le journal loue la touche spirituelle de Choffard, qui adonné « beaucoup d'harmonie et d'effet » à cette estampe.
E. Bocher a cité la chanson à laquelle fait allusion le Journal de Paris. On la trouve en tête d'un singulier ouvrage, intitulé le Chef-d’œuvre d'un inconnu, poème heureusement découvert et mis au jour avec des remarques savantes et recherchées par M. le Docteur Chrysostome Matanasius, pseudonyme de Hyacinthe Cordonnier, plus Connu sous le nom de Thémistocle de Saint-Hyacinthe (La Haye, 1714). Cette chanson populaire conte une visite nocturne de Colin à sa bergère, qui, le reconduisant au matin, répète ce qu'elle lui a dit en lui ouvrant la porte :

Marchez tout doux, parlez tout bas,
Mon doux ami.
Car si mon papa vous entend,
Morte je suis !
Le Docteur Matanasius prend cette chanson pour texte d'un commentaire mot à mot de près de 200 pages, avec citations, notes, tables, qui est une plaisante satire des travaux de certains érudits de son temps, et même de tous les temps.

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