BEAUVARLET   Jacques Firmin
(1731-1797)


Né à Abbeville le 25 septembre 1731, Beauvarlet fut d'abord placé chez un graveur de son pays qui le dégrossit, puis envoyé en 1750 à Paris, à son compatriote Robert Hecquet. Il passa par l'atelier de Ch. Dupuis, mais c'est auprès de Laurent Cars qu'il se forma définitivement: il est un des élèves qui font le plus d'honneur à ce maître.
Agréé à l'Académie le 29 mai 1762, académicien le 25 mai 1776, il mourut à Paris le 17 frimaire an VI (7 décembre 1797); il était alors veuf de sa troisième femme, Marie-Catherine Riollet, elle-même graveur au burin, qu'il avait épousée dix ans plus tôt. Il avait réuni une belle collection de tableaux et d'objets d'art, dispersés après sa mort, le 23 ventôse an VII. Artiste adroit et grand travailleur, Beauvarlet a laissé un oeuvre fort nombreux et quelques bons élèves. On apprécie en particulier ses estampes d'après Boucher, J.-F. de Troy (Toilette pour le bal et Retour du bal), Nattier, Greuze (l'Écureus), Fragonard, Carle Vanloo (la Lecture espagnole, la Conversation espagnole), aussi d'après les Flamands et les Hollandais du XVIIe siècle; sesportraits d'après Nattier, Drouais, Carle Vanloo, etc. A propos de ses envois au Salon de 1775, les Mémoires secrets louent son «onction» et son «moelleux», mais lui reprochent de graver, non plus d'après le tableau original, mais d'après un dessin réduit, à travers lequel «l'esprit de l'original s'évapore» .


 

 

Le comte d'Artois et Mme Clotilde.

Mgr le comte d'Artois et Madame.

Gravé par Beauvarlet d'après Drouais, (1767)
H. 0,450 x L. 0,343.
Épreuve avant la lettre.    Dairaine, n° 101 .

Ce double portrait d'enfants est un des meilleurs de l'œuvre de Beauvarlet.
La touche claire et caressante de ce graveur convient à ces frais et souriants minois.
Le jeune prince, c'est le futur Charles X, et la petite princesse.  c'est la sœur aînée de Mme Élisabeth, Mme Clotilde de France « Madame », future reine de Sardaigne.
La peinture de Drouais est au Louvre. Elle date de 1763 et figura au Salon de 1764. L'estampe fut annoncée par le Mercure de novembre 1767.
F.-H. Drouais (1727-1775) devint le peintre de la Cour de France vers 1757 et le resta jusqu'à sa mort.

 

 


TOILETTE POUR LE BAL.

RETOUR DU BAL.


  Toilette pour le bal.   
Retour du bal.

Juré du Cabinet de Monsieur Proufteau, capitaine des Gardes de la Ville.
Gravé par Jacques-Firmin Beauvarlet.
Dimensions respectives: H. 0,444 x L. 0,354; H. 0,439 x L. 0,350.

Dimensions respectives: H. 0,444 x L. 0,354; H. 0,439 x L. 0,350.
Le Mercure de juin 1757 annonce six estampes nouvelles de Beauvarlet, artiste dont il loue fort le talent : « Nous pensons que ce jeune graveur Beauvarlet avait alors vingt-six ans fait tous les jours de nouveaux progrès et qu'il saisit heureusement la manière et le caractère différent de chaque peintre qu'il copie. Il joint au talent ce qui le perfectionne, l'amour de l'art et l'application au travail ». Quatre de ces six estampes sont d'après Teniers, une d'après Sébastien Bourdon; « la première, ou celle que nous croyons mériter la prééminence, a pour titre Toilette pour le bal, d'après feu M. de Troy ».
Elle reproduisait un tableau exposé par ce peintre, vingt ans auparavant, au Salon de 1737, sous le titre une Toilette de bal, avec un pendant alors intitulé: un Déshabillé de bal.
Ce pendant fut aussi gravé par Beauvarlet sous le titre Retour du bal, et parut un an après Toilette pour le bal. Le Mercure de juillet 1758, en annonçant la pièce, est d'avis qu' « elle est bien supérieure à l'autre pour tout; elle est d'une agréable composition et d'un très bel effet: la touche et l'esprit du tableau y sont parfaitement saisis; l'intelligence avec laquelle l'auteur a su rendre l'effet, si difficile par lui-même, doit confirmer le public dans l'idée avantageuse qu'il a conçue des talents de ce jeune artiste... ».
Or, c'est précisément ce Retour du bal que M. François Courboin, dans l'ouvrage que l'on vient de citer, prend comme premier spécimen de la transformation survenue dans la manière de graver vers le milieu du XVIIIe siècle. Il l'oppose au Jeu du pied-de-bœuf, gravé d'après le même de Troy par un maître appartenant par sa formation à la première partie du siècle, Cochin le père, et voit, dans ce Retour du bal où «le beau burin» de l'habile Beauvarlet force déjà trop l'attention, « un graveur formé à la bonne école évoluer vers ce que le XVIIIe siècle appelait la gravure en petit ».


 

L'Écureuse.

Ce Dessin est au cabinet de Monsieur Damery, chevalier de l'ordre Royal Militaire de St. Louis.
Gravé par Jacques-Firmin Beauvarlet.
H. 0,387 x L. 0,309.
J. Martin et Ch. Masson, n° 287.

Cette estampe est gravée d'après un dessin, aujourd'hui conservé dans les collections de l’Albertine, à Vienne.
Elle est donnée ici comme un spécimen de la manière de Greuze quand il représente, ou croit représenter, des figures à la Chardin. Elle prête aux mêmes remarques que l'on va faire à propos de la planche suivante, autre échantillon d'une manière qui occupe une place considérable dans l'œuvre de Greuze et qui n'a pas moins contribué à sa renommée que ses peintures à nombreux personnages, dans le goût de l'Accordée ou du Paralytique.


  La Conversation espagnole.
Gravé par Jacques-Firmin Beauvalet.  
H. 0,5 11 x L. 0,400.
État terminé avant toute lettre.

L'estampe est annoncée dans le Mercure du mois d'octobre 1770, comme mise en vente chez l'auteur au prix de 12 livres. D'après cette annonce, la peinture avait figuré au Salon de 1765. Après avoir longuement décrit la scène, qui « se passe dans un belvédère décoré d'un ordre d'architecture toscan », le Mercure loue la composition « non moins recommandable par les grâces et l'élégance du dessein, la douceur des caractères des têtes et la richesse des étoffes, que par l'agrément du costume espagnol qui est aussi celui de la galanterie ».
On pourrait objecter à la présence de la Conversation espagnole dans un ouvrage sur la gravure de genre, que la peinture originale, comme son pendant la Lecture espagnole, devait offrir aux spectateurs renseignés une réunion de portraits; ainsi, la jeune femme assise au centre de la première composition serait la fille de Mme Geoffrin, la Marquise de La Ferté-Imbault, et il faudrait reconnaître la femme de Carle Vanloo dans le personnage principal de la deuxième. C'est Grimm qui a révélé ce dernier détail. C'est aussi lui qui a raconté .l'histoire des deux tableaux, « ordonnés » par Mme Geoffrin à son peintre préféré, exécutés sous ses yeux en 1754 (tout au moins la Conversation) et vendus par elle à Catherine II en 1772, au prix de 30.000 livres (lettres du 1er octobre 1754 et du 15 décembre 1772).
Sans doute, on aimerait mieux que Vanloo fût représenté, dans l'histoire de la gravure de genre, par une belle reproduction de quelque scène de mœurs dans le goût de sa vivante et pittoresque Halte de chasse, du musée du Louvre, plutôt que par ces fantaisies médiocres, dont la froide virtuosité de Beauvarlet accentue davantage encore le caractère artificiel.
Mais, d'une part cette grande page de C. Vanloo est un curieux exemple de ce que XVIIIe siècle goûtait, en fait d'exotisme: la Conversation espagnole, ou son pendant, la Lecture espagnole, auraient aussi bien pu être remplacées ici par la Confidence et la Sultane, du même peintre et du même graveur, la turquerie de celles-ci n'étant alors guère moins appréciée que l'espagnolisme de celles-là. C’est espagnolisme assez fantaisiste, tel que Watteau se plaisait aussi à l'imaginer, et cette turquerie un peu approximative seraient à rapprocher des diverses « figures chinoises » que la mode avait fait naître près d'un demi-siècle auparavant. Ici, du reste, la « couleur locale » ne semble pas avoir été très bien marquée, puisque des contemporains s'y sont trompés: décrivant la Conversation espagnole, Grimm y voit
« une Comtesse flamande », et « veuve », qui plus est... La critique a de ces trouvailles.
D'autre part, le « genre » se justifie encore ici par un argument fort curieux et peu connu: dans l'édition originale du Mariage de Figaro (1784), à la scène 4 de l'acte II, on lit cette indication: « La Comtesse, assise, tient le papier pour suivre. Suzanne est derrière son fauteuil et prélude en regardant la musique par-dessus sa maîtresse. Le petit page est devant elle, les yeux baissés. Ce tableau est juste la belle estampe d'après Vanloo appelée la Conversation espagnole » .Évidemment, Beaumarchais n'avait retenu que les grandes lignes de la composition « espagnole » de Vanloo et Beauvarlet, car, sur l'estampe, « le petit page » est un beau gentilhomme portant barbe et moustaches, et « la Comtesse » a auprès d'elle une jeune fille dont on ne s'expliquerait pas la présence si le jeu de scène indiqué était
« juste » la reproduction de la gravure. Cette remarque n'enlève rien de son intérêt à la note de Beaumarchais: il n'arrive pas souvent, en effet, que le théâtre fasse de pareils emprunts aux arts plastiques; c'est plutôt le contraire qui se produit généralement.

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