AUDRAN Jean Benoît II |
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Né à Paris le 17 février 1698, Benoît II Audran était le fils du graveur lyonnais Jean Audran dont il reçut les leçons. Beaucoup plus moderne que son père et que son oncle Benoît Ier, dans sa technique aux tailles entremêlées de petits points et de traits courts, il se distingue d'eux également par un grand emploi de l'eau-forte ; plusieurs de ses «préparations» nous sont parvenues et attestent l'habileté avec laquelle il maniait ce procédé. Il a remarquablement compris et interprété Watteau, gravant quantité de ses dessins, dans le recueil des Figures de différents caractères, et un bon nombre de ses peintures, en particulier des pièces de petit format comme le Docteur, la Finette, Bon voyage, la Marmotte, la Fileuse, la Sultane, etc.; parmi les estampes de plus grandes dimensions, on citera l'Amour désarmé, la Surprise, les Amusements champêtres, Retour de chasse, etc. Il a aussi gravé Lancret, Pater, Eisen, et donné quelques frontispices et vignettes. Il mourut le 8 janvier 1772, sans avoir brigué les honneurs académiques. |
Frère Biaise. Frère Blaise, Feuillian. Malgré l'attribution, par la lettre même de la planche, de la peinture à. F. de Troy, cette gravure a toujours été classée dans l'œuvre de Watteau, probablement parce que, entre la peinture et l'estampe, fut interposé un dessin de Watteau. |
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Figures de différents caractères. On connaît le procédé de composition habituel à Watteau. Au contraire de la généralité des peintres qui, partant d'un fait concret, d'une idée raisonnée, jettent sur le papier une esquisse d'ensemble et conduisent l'œuvre à bonne fin en reprenant chacune de ses parties, Watteau dessine sans objet défini, sans idée préconçue. Il accumule d'innombrables croquis, toujours pris sur le vif, des ensembles et des détails, des mouvements et des attitudes, des morceaux de paysages, etc., et quand il veut faire un tableau, il consulte ces feuilles d'études, qu'il appelait si justement ses « pensées », comme « un dictionnaire de nature composé à son seul usage » (L. de Fourcaud). Alors, une impression qui l'a traversé, un rêve que son imagination a bercé un instant, se dégagent et prennent vie; il choisit, dit Caylus, les figures qui lui conviennent le mieux pour le moment et il en forme des groupes, « le plus souvent en conséquence d'un fonds de paysage qu'il a conçu ou préparé ». |
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