ALIAMET   Jacques
(1726-1788)

C’est l'aîné des deux graveurs abbevillois de ce nom. Né le 30 novembre 1726, à Abbeville, il vint à Paris en 1747, adressé par sa famille à son compatriote, le graveur et éditeur d'estampes Robert Hecquet, depuis longtemps installé dans la capitale. Celui-ci, qui ne faisait pas d'élèves, envoya Jacques Aliamet chez Le Bas, dont l'atelier était un des plus florissants de cette époque, et le jeune artiste se trouva très bien de cette recommandation. Marié en 1748 à la nièce de R. Hecquet, Marie Hénot, dont il eut cinq enfants; agréé à l'Académie le 3 septembre 1763, sur l'Ancien port de Gênes d'après Joseph Vernet, J. Aliamet ne devint pas académicien et mourut à Paris le 29 mai 1788.
Il est surtout connu par ses grandes estampes d'après les maîtres hollandais et par ses habiles interprétations de dix paysages d'Italie et de plusieurs marines de Vernet. Il a terminé la célèbre estampe de la Philosophie endormie, d'après Greuze, commencée à l'eau-forte par Moreau le jeune et, sans parler de ses deux pendants bien connus d'après Jeaurat, la Place des Halles et la Place Maubert et de diverses autres planches, il adonné de nombreuses vignettes d'illustration d'après Oudry, Gravelot, Eisen, Cochin, Fragonard (en particulier, l'une des meilleures pièces de l'édition des Contes de La Fontaine de 1795, (A femme avare, galant escroc), etc. «Sa gravure est suave, écrit de lui Lévesque dans le Dictionnaire des arts de Watelet: il connaissait la valeur des touches et les frappait avec justesse.» Son catalogue, dressé par l'érudit abbevillois E. Oelignières en 1896, compte 262 pièces.
Son frère cadet, François Germain (1734-1790), élève de Strange; travailla toute sa vie en Angleterre.



 Paysage.

Paysage de Nicolas Berghem... 
Aliamet sculp. Il (vers 1753).
H. 0,504 x L. 0,407.    
3e état.   Delignières, n° 8.

Ce très joli Berchem, aujourd'hui à Dresde, faisait déjà au XVIlle siècle partie des collections royales de Saxe.
Il fut gravé pour le recueil dit La Galerie de Dresde et publié dans le 1er volume qui parut en 1753. On le désigne quelquefois sous le titre de La Grande ruine.


  Incendie nocturne.

Incendie nocturne.   
Jos. Vernet pinxit.  Jos. Aliamet sculpsit. 
H. 0,372 x L. 0,499.   
Épreuve avant la dédicace.   Delignières, n° 79.

Le tableau original serait aujourd'hui à Dresde. Il fut exposé au Salon de 1748. Quand il fut gravé, il appartenait à l'abbé Campion de Tersan qui, comme son frère le directeur des Fermes, s'occupa d'art et qui a signé quelques petites estampes.
Aliamet a gravé quinze planches d'après Vernet. L ' Incendie nocturne est une des plus brillantes. La pointe et le burin ont su souligner les contrastes entre le ciel embrasé et les ombres de la nuit, entre l'épaisseur de la fumée et la transparence de l'atmosphère et faire sentir, tout autour de cet incendie, la triple fraîcheur de la nuit, des arbres et des eaux.
Il se pourrait que l'eau-forte sur laquelle a travaillé J. Aliamet fût l'œuvre d'un des habiles spécialistes du temps.


 La Place des Halles.
  La Place Maubert.


Gravé par Jacques ALIAMET.
Dimensions respectives: H. 0,305 x L. 0,395; H. 0,306 x L. 0,400.
E. Delignières, nos 25 et 24.

L'estampe de la Place Maubert fut annoncée dans le Mercure de juillet 1753. On a insisté, dans l'introduction, sur les termes de cette annonce et montré quelles précautions oratoires il était encore besoin de prendre pour faire accepter des amateurs une gravure à sujet populaire; la disproportion entre la manière dont le sujet a été traité par Jeaurat et les phrases entortillées du Mercure paraît plus piquante encore quand on a l'image sous les yeux, et que, devant une scène aussi sagement composée, aussi adroitement dégagée de toute vulgarité, on lit des choses comme celles-ci : « Le goût des sujets bas et ignobles a régné dans tous les temps, l'Antiquité nous en fournit des exemples, et l'École flamande, plus à la mode que jamais, nous entretient en France dans le genre de traiter la nature. On voit, dans la composition de l'estampe qui a pour titre la Place Maubert, plusieurs images des passions et des plaisirs du peuple de Paris; mais on reconnait à la disposition des fabriques, que le sujet a été traité par un peintre d'Histoire, et que M. Jeaurat en a fait un de ses délassements. M. Aliamet, qui a gravé et très bien rendu le tableau, paraît s'être encore plus attaché à la fidélité du trait et aux caractères des figures, qu'aux parties de l'accord et de l'harmonie ».
La peinture, qualifiée d'esquisse, avait figuré au Salon de 1753. Au Salon de 1757, Jeaurat exposa les Écosseuses de pois a la Halle, et cette composition, aussi gravée par Aliamet devint, sous le titre de la Place des Halles, le pendant de la Place Maubert.
La Place des Halles fut annoncée en ces termes par le Mercure de juillet 1759: « L'accueil que le public a fait, dans différentes expositions au Salon du Louvre, à plusieurs petits tableaux peints par M. Jeaurat, représentant des sujets du peuple de Paris, ex., Salon de 1755: l'Enlèvement de police, le Déménagement d'un peintre; Salon de 1757 : le Carnaval des rues de paris, la Condition des filles de joie, etc., a déterminé le sieur Aliamet à les graver. Il a commencé par l'estampe connue sous le titre de la Place Maubert. Pour pendant à cette estampe, il vient d'en donner une seconde représentant la Place des Halles. Les soins qu'il a pris pour rendre cette estampe digne de la première lui font espérer qu'elle n'aura pas moins de succès. Les talents et la délicatesse du burin de cet artiste sont assez connus...»


  La Philosophie endormie.

La philosophie endormie, dédiée à madame Greuze.
Gravé à l'eau-forte par Jean-Michel Moreau le jeune et terminé par Jacques Aliamet.  
H. 0,412 x L. 0,304.
E. Bocher, Moreau le Jeune, n° 251; J. Martin et Ch. Masson, n° 353.

Cette estampe, gravée d'après un dessin, « sous la direction d'Aliamet », et dédiée à Mme Greuze, est annoncée au Mercure de janvier l 777.
La préparation d'eau-forte, admirable, est due à Moreau le jeune. Aliamet n'a fait que terminer la planche et l'on ne peut pas dire qu'il l'ait améliorée. On a plusieurs autres exemples de ces préparations exécutées par le virtuose de l'eau-forte qu'était Moreau le jeune, celle du Couché de là mariée, d'après Baudouin, l'une des plus remarquables, avec celle du Modèle honnête, d'après le même Baudouin, et celles qu'il a gravées d'après des paysages de Joseph Vernet.
On sait que la Philosophie endormie, gravure de genre, relève aussi de la gravure de portrait, le personnage représenté n'étant autre que la femme de Greuze, la jolie Gabrielle Babuti, la fille du libraire du quai des Augustins, évoquée par Diderot dans un délicieux croquis, du temps ou elle tenait sa petite boutique de librairie, « Poupine, blanche et droite comme le lys, vermeille comme la rose ».
Les Goncourt aussi l'ont joliment portraiturée, d'après les tableaux et dessins où Greuze l'a représentée, en particulier la Mère bien aimée. Si dans ce dernier tableau, gravé par Massard, comme dans la Philosophie endormie, « la Volupté se dégage et paraît sous la Jeunesse), c'est que Greuze, en peignant ainsi sa jeune femme, « ne faisait que la peindre en pied : Mme Greuze était, au moral aussi bien qu'au physique, ta Voluptueuse qu'il représentait dans ses tableaux ». Huit ans ne s'étaient pas écoulés depuis le mariage du peintre avec la fille du libraire, que celle-ci « faisait éprouver à son mari tout ce que l'infidélité conjugale a de plus amer, poussant l'adultère jusqu'à l'effronterie, le cynisme jusqu'à cette insolence dont rien ne peut donner l'idée », sinon ces documents navrants qui nous sont parvenus, dépositions au commissaire, mémoire en vue d'une séparation judiciaire, dans lesquels le malheureux peintre expose tout au long ses griefs.

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